Mais, au fait, où en est-on de la transformation digitale ?
Frederic Duport
AppMod Practice Lead, Google Cloud France
La transformation numérique… But ultime pour se forger un avenir prospère dans le monde de demain, cette notion est au cœur des discussions depuis des années. Mais, concrètement, où en sommes-nous dans la quête à la numérisation ?
Excellente question ! Pour pouvoir y répondre, commençons par revenir aux fondamentaux de cette transformation que l’on nous vante sur tous les fronts. Numérique ou digitale, la transformation est avant tout là pour apporter plus de valeur aux clients, aux collaborateurs et aux actionnaires. Dit autrement, et pour faire court, l’objectif est clairement d’industrialiser les processus manuels existants en les optimisant grâce aux technologies. La finalité ultime étant, bien entendu, de mettre l’outil de production au service de la stratégie de l’entreprise, qu’il s’agisse de répondre, voire anticiper, les attentes du client, d’innover et d’accroître sa compétitivité sur le marché grâce à l’agilité apportée par des processus numérisés.
Confronté à une concurrence particulièrement rude, le secteur des services - banques, commerce, assurances, divertissement, etc. – est particulièrement en pointe sur le sujet. Et pour cause ! Dans ce secteur, les « Digital Native », autrement dit les entreprises nées à l’ère d’Internet, y sont particulièrement présentes. Affranchies d’un existant informatique qui freine toute transformation, mais aussi d’infrastructures physiques qui amputent leurs coûts opérationnels, elles capitalisent sur l’abonnement, modèle économique particulièrement apprécié par le client. Au cœur de leur stratégie, l’application, qu’elle soit Web ou mobile, est la clé du succès. Commande, renouvellement, gestion d’incident…quel que soit le processus, l’application doit répondre aux attentes du client. Et si le processus n’est pas optimal et correctement géré de bout en bout, le client est perdu ! Dans le monde des Digital Natives qui réussissent, les recherches inefficaces, les problèmes d’authentification, les interfaces peu intuitives ou encore les redirections vers un numéro de téléphone, une autre application ou un autre site qui découragent le chaland, n’ont clairement pas leur place.
Face aux géants du commerce en ligne, la grande distribution a très rapidement réagi, capitalisant sur les technologies pour mettre en place de nouvelles stratégies commerciales exploitant le canal numérique.
Aujourd’hui, on constate une effervescence côté banques, assurances, mutuelles où la modernisation applicative apparaît obligatoire pour accompagner les nouveaux usages. De fait, qui se déplace encore chez son assureur historique pour assurer son animal de compagnie ? Et pourquoi solliciter son banquier habituel pour financer l’acquisition d’un véhicule alors qu’une LOA est naturellement proposée par le constructeur automobile ?
Dès lors, on comprend aisément que, dans les grands groupes du tertiaire, la transformation digitale est déjà clairement amorcée. Elle se traduit notamment par un portefeuille applicatif moderne ou en cours de modernisation. Les autres industries ne sont pas en reste : dans les starting-blocks, elles se doivent d’embrasser ce changement culturel, visant à faire mieux, plus vite et moins cher avec le patrimoine applicatif de l’entreprise.
Avec le recul, on devrait parler de transformation applicative plutôt que de transformation digitale. Car l’application est désormais au centre de la stratégie d’entreprises, tant elle impacte les équipes, la culture et l’efficacité, mais aussi l’expérience des utilisateurs, qu’ils soient collaborateurs ou clients. La prise de conscience est là : pour gagner en agilité, la majorité des entreprises ont mis en place des "digital factory", développé des approches DevOps et adopté des plateformes technologiques pour héberger ces nouvelles applications. Malgré tout, elles sont confrontées à des difficultés…
Les coûts de l’infrastructure
Comme souvent, les entreprises se retranchent derrière les coûts, considérés comme le premier frein à la transformation applicative. Elles sont convaincues de maîtriser parfaitement leurs coûts d’infrastructure, ainsi que le budget alloué à l’évolution (relative) et au maintien en condition opérationnelle de leur application. En revanche, dès qu’elles se tournent vers le cloud, la projection montre une augmentation significative des coûts. Sauf que leur perception est faussée car bien souvent, elles comparent une bonne vieille carte routière au format papier à un GPS de dernière génération. Certes, la carte routière permet de trouver un itinéraire, mais elle est loin d’être pratique : il faut la déplier, elle se déchire, elle peut être obsolète, il en faut parfois plusieurs… Alors qu'avec un GPS, la cartographie est à jour et, en plus, l’application mémorise mes centres d'intérêt et me guide vocalement. Oui, le GPS est plus cher, mais offre des fonctionnalités avancées et une meilleure expérience d’utilisation. Dit autrement, la transformation par le cloud coûte plus ou moins cher, mais elle fait passer l’entreprise de l’âge de la carte routière à celui du GPS et lui permet d’apporter :
- Plus de valeur ajoutée à l’utilisateur en lui proposant un service disponible, fluide, innovant et sécurisé
- Plus d’efficience pour les équipes en simplifiant les développements et les opérations
- Plus d’innovation pour rester en avance sur les concurrents et gagner des parts de marché
Dans quel domaine doit-on optimiser sa stratégie ?
Pour identifier les domaines prioritaires sur lesquels, en 2024, baser votre stratégie de transformation applicative afin d’en tirer le meilleur parti possible, voici quelques pistes incontournables :
- Optimisation / containerisation
L’infrastructure, qu’elle soit matérielle, virtuelle ou containerisée, peut être optimisée en basculant sur des clusters Kubernetes managés tels que Google Kubernetes Engine (GKE) ou bien sur des services de plus haut niveau, dits "serverless", tels que Cloud Run.
L’usage de conteneurs permet de réduire l’empreinte de l’application en termes de ressources. Mais les bénéfices sont également opérationnels et financiers : plusieurs clusters peuvent être administrés d’une même console, la sécurité est native et avancée, le dimensionnement s’adapte à l’usage, etc.
- APIsation
Pour enrichir l’application, l’utilisation de services externes peut avoir une forte valeur ajoutée voire être une nécessité. Par exemple, proposer à l’utilisateur l’intégration d’une cartographie, le suivi de son colis ou l’ajout de données statistiques s'avère indispensable, mais aussi très complexe à mettre en œuvre si on ne s’appuie pas sur des partenaires proposant ces derniers comme des services à consommer, généralement via des APIs.
Ainsi, une brique de gestion des APis telle que Apigee permet de créer, de gérer, de monétiser et de sécuriser des API pour tous les cas d'usage, internes comme externes. Cette solution permet également de publier des (micro)services pour des partenaires et ainsi ouvrir une partie des assets applicatifs à de nouveaux canaux.
- IA et Gen AI
Pour beaucoup d'entre nous, l’intelligence artificielle semble magique ! En fait, elle EST magique dans le sens où elle est capable de trouver des tendances ou des patterns dans un référentiel de données tellement complexe, tellement volumineux que nous sommes incapables de l’exploiter avec des moyens informatiques classiques, et encore moins de l’appréhender avec nos yeux humains.
Elle peut dès lors apporter une incroyable valeur ajoutée d’un point de vue métier en valorisant des données jusqu’ici inexploitées. La seule limite est votre créativité.
Typiquement, l’IA peut permettre de:
- Générer des campagnes marketing dont le contenu - mixant texte, image, vidéo - est spécifiquement adapté au profil ciblé, offrant ainsi de bien meilleurs résultats.
- Résumer ou synthétiser des documents volumineux, des résultats ou même des tendances.
- Proposer une recommandation de produits et services beaucoup mieux adaptés au prospect naviguant sur un site e-commerce, boostant ainsi les taux de conversion.
- Implémenter une maintenance prédictive, évitant des surcoûts inutiles et les pannes.
- Permettre des conversations naturelles basées sur une base de connaissance.
Pour développer et entraîner un modèle IA, il faut de la donnée, beaucoup de données. Le processus est long, complexe et coûteux en termes de ressources requises. Mais l’IA et l’IA générative sont maintenant plus accessibles puisque proposées sous forme de services managés, s’appuyant sur des centaines de modèles préentraînés, capables de reproduire une voix, de soutenir une conversation, de générer des images plus vraies que nature, de générer du code informatique, etc.
Avec Vertex AI, Google Cloud procure un service simple et pratique pour entraîner, personnaliser et déployer des modèles à utiliser dans vos applications basées sur l'IA. En complément, son nouveau « super assistant » Duet AI, prêt à l’emploi et intégré aux différents services GCP, accompagne les équipes sur la sécurité, le développement, les opérations, la gestion des données, etc., améliorant ainsi la productivité de celles-ci.
- Sécurité de bout en bout
Comme nous l’avons vu plus haut, l’application doit être disponible et sécurisée pour s’assurer que ni les données de l’utilisateur ni les données de l’entreprise ne sont exposées. La sécurité apportée par l’infrastructure Cloud est indispensable, mais elle n’est pas suffisante. En effet, si les développeurs utilisent des librairies corrompues, si le cycle d’intégration et de déploiement n’est pas parfaitement maîtrisé, l’entreprise peut mettre en production une application présentant de graves failles compromettant les sécurités en place et la protection des données.
La sécurité doit donc être intégrée de bout en bout, sur l’ensemble du cycle de développement de déploiement.
Fort de son expérience dans ce domaine, Google Cloud propose une solution complète et managée : Software Delivery Shield (SDS) permet de contrôler les composantes open source, d’intégrer des packages validés, d’utiliser une chaîne CI/CD basée sur SLSA, de signer/autoriser les binaires, etc.
En complément, Cloud Workstation offre aux développeurs un environnement sécurisé, évolutif et personnalisé en fonction des projets permettant ainsi de s’affranchir des problématiques liées aux stations de développement (délai d'approvisionnement et de paramétrage, disparité des configurations, obsolescence, perte/vol, coût) qui limitent l'efficacité des équipes de développement.
Les axes de modernisation des applications sont donc nombreux et variés, rendant obsolète un projet unique de modernisation. Plutôt que de suivre une approche classique – voire ancestrale – de projet, avec des objectifs, un budget, et une durée définis à l’avance, mieux vaut opter pour une stratégie de modernisation continue. Cette dernière privilégie des mises à jour simples et régulières, évitant ainsi les changements complexes et risqués.
Cette approche favorise le changement tout en permettant de tirer des leçons à chaque itération et de gagner progressivement en maturité.
Elle favorise une étroite collaboration entre les équipes pour identifier les améliorations nécessaires, évaluer leurs avantages potentiels (comme la disponibilité, l'innovation, la sécurité, et les fonctionnalités uniques), mais aussi estimer le retour sur investissement afin de prioriser ces améliorations.
Une telle approche présente au final deux avantages. D'abord, elle est financièrement avantageuse, car elle évite de moderniser des éléments qui n'en ont pas besoin. Ensuite, elle permet une modernisation transversale (impliquant le développement, la sécurité, les opérations et les affaires), ce qui fédère les équipes autour de l'application et donc du Business.
Bonne transformation applicative !