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DevOps et ingénierie SRE

Le succès par la culture d’entreprise : pourquoi l'acceptation de l'échec favorise une meilleure livraison logicielle

13 mars 2024
James Pashutinski

Digital Transformation Consultant

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Les choses se cassent. C'est la vie. Et lorsque tout ne se déroule pas comme prévu, c'est ce qui se passe ensuite qui est vraiment important.

Des études internes réalisées par Google et par notre organisation DORA (‘DevOps Research and Assessment’) montrent que les équipes qui réussissent le mieux sont celles qui encouragent une « culture de la confiance », autrement dit un climat de travail qui autorise la remise en question, la prise de risques et les erreurs.

La culture d’une entreprise façonne notamment la façon de réagir aux opportunités qui se présentent. Mais, dans le domaine de la livraison logicielle, et plus globalement de la performance des équipes, la façon de réagir à l’échec est tout aussi importante.

En adoptant des comportements et des méthodes de travail spécifiques qui encouragent la résilience, une organisation peut accroître significativement l'efficacité de ses équipes et améliorer ses performances.

Comment identifier les leviers pour optimiser l'efficacité des équipes logicielles et des cultures organisationnelles ?

Chez Google, nous ne nous contentons pas de fabriquer beaucoup de technologies, nous nous intéressons aussi à la manière dont elles sont fabriquées.

DORA est un programme de recherche rigoureux sur le plan académique et statistique qui vise à répondre aux questions suivantes : « Comment la technologie aide-t-elle les organisations à réussir et comment pouvons-nous améliorer la livraison et l'exploitation des logiciels ? »

Grâce à des études internes portant sur des centaines d'équipes Google, tels que le projet Aristote, nous avons étudié les moteurs des équipes les plus efficaces.

Nous vous proposons ici d’entamer une nouvelle série d’articles s’appuyant sur ces années de recherches menées par Google. Nous avons regroupé les résultats selon cinq grands axes d’analyse sur lesquels (chacun formant un article) vous pouvez vous appuyer pour optimiser la réussite au sein de votre organisation :

  1. La Résilience (le sujet de ce premier article)
  2. La Communication
  3. La Collaboration
  4. L’Innovation
  5. La Responsabilisation

La résilience… Qu’est-ce donc ? Et surtout comment peut-elle améliorer les performances ? Comment votre équipe peut-elle en tirer le meilleur profit.

Résilience : positiver l’échec, oui, mais encore…

Dans le cadre de cet article, lorsque nous parlons de résilience, nous faisons référence à la résilience culturelle. Dans ce contexte, nous définissons la résilience comme la capacité des équipes à prendre des risques mesurés, à partager ouvertement les échecs et à s'améliorer continuellement sur la base du retour d'information. Les équipes qui font preuve de résilience sont manifestement plus performantes que les autres.

L'idée qu'une culture présentant des caractéristiques de résilience peut être bénéfique à l’entreprise n’est pas nouvelle. L'étude du sociologue Ron Westrum autour de l'influence de la culture sur le comportement de l'équipe en cas d'échec a mis en évidence trois cultures organisationnelles distinctes : pathologiques, bureaucratiques, génératives. Et les cultures dans lesquelles l'échec conduit à une investigation positive, plutôt qu'à la justice ou à la désignation d'un bouc émissaire, se montrent plus orientées vers la performance. Westrum qualifie ces cultures de « génératives ».

Cette analyse du sociologue a été corroborée par nos propres résultats DORA, dès la publication du premier rapport sur l'état de DevOps en 2014. Notre rapport 2023 Accelerate State of DevOps démontre que la présence d'une culture générative continue à favoriser une meilleure livraison logicielle et une meilleure performance organisationnelle. Nous pensons que c'est parce que, à la base, DevOps est une approche qui se focalise fondamentalement sur les personnes et les méthodes de travail de ces personnes. Or, les personnes sont le moteur de la culture.

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« La culture joue un rôle essentiel dans la capacité à innover et à créer des technologies… les performances des équipes ayant une culture générative sont 30% supérieures à celles qui n’en ont pas ».

Source: DORA 2023 Accelerate State of DevOps Report

Prenons, par exemple, les pratiques de développement dans le domaine de la sécurité. Nos recherches ont montré que les organisations fondées sur une culture de confiance et de résilience sont 1,6 fois plus susceptibles d'adopter des pratiques de sécurité émergentes.
Nous sommes convaincus que ces cultures génératives, résilience comprise, constituent un avantage en termes de posture de sécurité en raison de leur influence sur les méthodes de travail des équipes. Typiquement, dans les organisations « génératives », les personnes sont plus enclines à signaler un problème ou un risque de sécurité car elles ne craignent pas d’être sanctionnées sur leur « irréprochabilité ». Dit autrement, si vous voulez améliorer la posture de sécurité de votre organisation (et aller au-delà), commencez par évaluer la culture de vos équipes.

La résilience peut être redécomposée en deux états d’esprit :

  1. Le « Démarrer puis itérer »: lancer un projet, recueillir les retours et s’améliorer en continu
  2. La « Sécurité psychologique » : insuffler la conviction au sein de l’équipe que chaque membre peut prendre des risques en toute sécurité

Démarrer et itérer : le « parfait » est l'ennemi du bien

Êtes-vous prêt à prendre le risque de partager une idée seulement ébauchée à 20% avec vos dirigeants ?

Le concept de « résilience » repose en partie sur la collecte d’information et l’amélioration continue. Nos études montrent que les équipes fondées sur l’amélioration continue réussissent mieux. Ce qui suppose des équipes capables de démarrer rapidement, de s'adapter à des circonstances changeantes et d'expérimenter.

Par exemple, dans le cadre de la livraison logicielle, la recherche DORA soutient la philosophie d’une livraison continue afin que le logiciel soit toujours dans un état « déployable ». Pour conserver le logiciel dans un tel état, il est essentiel de mettre en place des mécanismes de collecte des feedbacks et d’être en mesure de surmonter rapidement les échecs. D’après nos études, les équipes qui donnent la priorité à ces mécanismes de feedback affichent de meilleures performances sur la livraison logicielle. Nos études montrent également qu’une livraison par petits lots (donc par fréquentes itérations) améliore la façon dont les équipes reçoivent et utilisent ce feedback, ainsi que leur capacité à se remettre d’un échec notamment.

Ce concept – démarrer et itérer – n’impacte pas uniquement la qualité du logiciel livré. De fait, il soulève aussi la question de la capacité d’une équipe à s’auto-évaluer, à s’adapter et à changer de méthode quand les résultats le justifient. Inévitablement, cette approche par l’expérimentation entraînera des succès, mais aussi des échecs. Dans tous les cas, les équipes peuvent en tirer des enseignements précieux.

Sécurité psychologique : valoriser l’échec comme un succès

Êtes-vous prêts à accepter l’idée d’échouer ouvertement devant votre équipe ?

Des recherches approfondies menées chez Google ont montré que la sécurité psychologique constitue un facteur clef pour parvenir à des équipes hautement efficaces. Dans ce cadre, nos études montrent que l’efficacité dépend moins des membres de l’équipe que de la façon dont ils interagissent.

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Selon les études réalisées par les analystes de Google, cinq facteurs impactent l’efficacité d’une équipe, classés ici par ordre d’importance. Source : Google re:Work Guide: Understand team effectiveness

Dans le cadre du projet Aristote, des centaines d’équipes Google ont été interrogées sur la question suivante : « Qu'est-ce qui rend une équipe efficace ? ». L'analyse statistique des données recueillies a révélé que la dynamique d'équipe la plus importante est la sécurité psychologique, c'est-à-dire la création d'un environnement où la prise de risques intelligents est encouragée. Autrement dit, un climat de travail dans lequel les collaborateurs sont convaincus qu'ils ne seront pas embarrassés ou sanctionnés pour leurs idées, leurs questions ou leurs erreurs.

Une analyse plus poussée de DORA montre que ces pratiques ne bénéficient pas uniquement aux équipes de Google : la culture de la « sécurité psychologique » permet d’obtenir de bien meilleurs résultats en matière de livraison logicielle, de performance organisationnelle et de productivité.

Enfin, il est important de rappeler que la culture d’une entreprise découle du management. La recherche DORA montre qu'un leadership efficace a un impact mesurable et significatif sur la livraison logicielle. Pour favoriser un climat psychologiquement sûr, où les reproches n’ont pas leur place, les dirigeants doivent accorder à leurs équipes la confiance nécessaire, leur permettre de s'exprimer et leur donner la possibilité d'expérimenter et d'échouer.

Comment, en pratique, améliorer votre résilience ?

Adopter une posture d’amélioration continue peut aider à obtenir de meilleures performances organisationnelles. De même, l'adoption de la sécurité psychologique dans votre organisation peut aider vos équipes à travailler plus efficacement. De notre point de vue, ces deux approches constituent les fondements d’une résilience qui favorise la réussite par la culture.

Alors, à quoi ressemble la résilience lorsqu'elle est appliquée concrètement dans nos comportements et renforcée dans notre travail quotidien ?

Nous pouvons nous améliorer continuellement en démarrant rapidement les projets, en définissant des indicateurs de réussite, en collectant des informations (y compris par le biais du crowdsourcing) et en valorisant ce que nous apprenons, à la fois pour améliorer nos produits et notre façon de travailler. Cette approche peut être renforcée par des pratiques techniques telles que l'intégration continue, les tests automatisés, la livraison continue, l’observabilité et le monitoring, pour n'en citer que quelques-unes. Ces pratiques constituent à la fois les fondations et les garde-fous qui favorisent une itération sûre, rapide et fiable.

Nous pouvons aussi normaliser l'échec en organisant des « pré-mortems », sorte d’analyse en vue d’anticiper les innombrables façons dont une idée peut échouer, et des « post-mortems sans reproches » (analyses a posteriori). L’idée étant d’avoir des conversations franches sur les moments où les choses ne se sont pas déroulées comme prévu en imaginant les leviers qui auraient pu être actionnés pour améliorer la situation. Le tout sans faire de reproche à qui que ce soit.

Nous avons, par exemple, constaté que les équipes qui encouragent des « pratiques de fiabilité », y compris des postmortems sans reproches, font état d’une meilleure productivité et d’une satisfaction professionnelle plus élevées. Elles affichent également un taux d'épuisement professionnel plus faible que leurs homologues qui utilisent des approches opérationnelles plus traditionnelles. Nous pensons que cela s'explique notamment par le fait qu'une peur persistante de commettre des erreurs peut entraîner un certain mal-être.

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Les analyses a posteriori sans reproches permettent d'éviter que les problèmes se reproduisent, d’éviter d’engendrer plus de complexité et d'apprendre de ses erreurs et de celles des autres.

Ces méthodes de travail sont illustrées par nos derniers lauréats du Google Cloud DevOps Award. Ils ont montré comment ils mettent en œuvre ces pratiques (et d'autres) pour favoriser la réussite de leur organisation et se montrer plus performants. Typiquement, imaginez une entreprise qui s’appuie sur des équipes interfonctionnelles pour éliminer les goulets d'étranglement, débloquer des situations et améliorer la communication. Nous aurons l’occasion d’y revenir dans un prochain article.

En attendant, entraînez-vous à l'échec en expérimentant de nouvelles méthodes de travail, y compris en testant de nouvelles approches sur la livraison logicielle, l’opérationnel, etc. Et posez-vous la question suivante : comment réagirez-vous la prochaine fois que quelque chose ne fonctionnera pas ?

Pour en savoir plus, faites le DevOps Quick Check et lisez le dernier rapport sur l'état des DevOps, tous deux disponibles sur dora.dev.

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